Port-au-Prince, avril 2025 – La situation des droits humains en Haïti atteint un nouveau point de crise, selon les Nations Unies. Le Haut-Commissaire aux droits de l’homme, Volker Türk, a alerté vendredi le Conseil des droits de l’homme à Genève sur l’ampleur dramatique des violences perpétrées par les gangs armés dans la capitale Port-au-Prince et ses environs.

Entre juillet 2024 et février 2025, 4.239 personnes ont été tuées, dont plus de 90 % par arme à feu. Plus de 700 enlèvements ont été recensés, tandis que les violences sexuelles, notamment les viols collectifs, sont devenues une arme stratégique pour soumettre les communautés. Certaines victimes ont été violées puis exécutées. Le Haut-Commissariat dénonce également le recrutement forcé d’enfants et l’exploitation sexuelle systématique.

Dans certains quartiers comme Wharf Jérémie à Cité Soleil, les massacres se succèdent. En décembre, 207 civils y ont été assassinés en seulement cinq jours.

Les gangs, mieux armés que les forces nationales, s’emparent de territoires et imposent leur propre forme de gouvernance. L’ONU estime qu’entre 270.000 et 500.000 armes à feu circulent illégalement dans le pays, toutes provenant de l’étranger. Le flux continu d’armes alimente un cycle de violences incontrôlables.

Parallèlement, les opérations de maintien de l’ordre ont fait plus de 2.000 morts et blessés, soit une augmentation de 60 % par rapport au semestre précédent. Parmi les victimes, plusieurs civils non impliqués, touchés par des balles perdues ou victimes d’exécutions sommaires par des unités spécialisées.

Face à cette spirale de violence, l’ONU appelle à la mise en œuvre immédiate de l’embargo sur les armes, au renforcement du régime de sanctions, et à l’accélération du déploiement d’une mission internationale d’appui à la sécurité. Selon l’expert indépendant William O’Neill, sans action décisive, « il pourrait ne rester que très peu de choses à sauver en Haïti ».